Awenn

Chroniques et secrets d'une vagabonde nocturne

Vivants

Publié le 13 Avril 2016 par Nolwenn in Lettres

Vivants

Tu me connais. Tu sais que je suis une sauvage, qu'on peut pas m'enfermer. Tu sais à quel point ça me pèse de vivre ici, dans ce coin où je me sens pas chez moi. C'est pour ça que je suis souvent perdue dans mes pensées et que j'ai besoin d'évasion, que je fais des crises de liberté comme d'autres en font de boulimie, que je passe de la joie au renfermement sur moi-même. On avait les mêmes rêves, les mêmes besoins. Tu m'as toujours suivie dans mes escapades impromptues, et t'es le seul qui parvient à me calmer. Tu sais qu'un jour je partirai et t'avais promis que ce jour-là tu me suivrais.

Mais maintenant t'es plus là, et je suis perdue. J'ai plus que jamais besoin de ta présence, de tes mots, de ta faculté à me comprendre quand j'arrive pas à m'exprimer.

J'ai besoin de partir. Mais pas comme avant, quand on séchait pour aller au bord du lac. Là c'est pour de vrai. J'ai besoin de partir. Maintenant. J'ai besoin de la mer, celle que tu voyais dans mes yeux quand on regardait le coucher de soleil sur le Léman; je veux sentir le vent dans mes cheveux et les embruns sur mon visage, les vagues caressantes envelopper mes chevilles de leur eau sombre et froide. J'ai envie de tempête et de falaises. De fuite au milieu de la nuit, sans laisser de message. J'ai besoin de te sentir avec moi, peau contre peau, coeur contre coeur; j'ai besoin de toi pour me sentir vivre.

Mais je peux pas partir sans toi. T'es le seul à pouvoir me suivre et à vraiment comprendre pourquoi je veux partir, mais t'es pas là, plus là. On est à la fois si près et si loin; quelques kilomètres qui paraissent des milliers. Et ça me tue à petit feu, tout comme ça me tue de rester ici.

Tu me connais, tu sais que tu me manques. Tu sais que t'es parti avec mes rêves et mon coeur. Alors je t'en prie, pars avec moi. Prends ma main et on se barre. On a besoin que de nous.

Et vu que de toute façon on mourra un jour, fais en sorte que ça soit en se sentant vivants.

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